Actualités

« Tu es en Ukraine, tout va bien se passer» Récit d’un échange de prisonniers de guerre

A la frontière entre l’Ukraine et la Russie jeudi, 100 soldats de chaque camp ont retrouvé leur pays.

Feb 12, 2024

Source : Stéphane Siohan, Kristina Berdynskykh, envoyés spéciaux dans la région de Soumy , Libération, 11 février 2014

A la frontière entre l’Ukraine et la Russie jeudi, 100 soldats de chaque camp ont retrouvé leur pays. En deux ans de guerre, Libération est le premier média étranger à avoir été autorisé, côté ukrainien, à suivre une telle opération d’accueil et de prise en charge de soldats meurtris par la captivité.

Les cieux sont d’encre, au-dessus de cette petite route mal carrossée qui s’enfonce dans les confins orientaux de la région de Soumy, en direction de la Russie. Le convoi de bus, encadré d’une quinzaine d’ambulances, camionnettes de police et pick-up militaires, avale les bourgades une à une. Dans l’obscurité, les fenêtres des habitations les plus proches réverbèrent la lueur bleue et rouge des gyrophares, alertant les habitants d’un événement sortant de l’ordinaire. A l’approche de la frontière, où plus personne ne s’aventure si ce n’est les soldats, la neige glacée se fait plus épaisse et plus dure. La colonne ralentit et se gare à un élargissement, ressemblant vaguement à une intersection. Le sol crisse sous les pas. Il fait -2°C, pourtant on dirait qu’il fait -20°C. Interdiction absolue de marcher hors du goudron : tout alentour est truffé de mines.

Ici c’est toujours l’Ukraine, mais plus vraiment. Un kilomètre zéro, quelque chose d’indéfinissable. Un non-pays. Deux poteaux électriques dessinés par les phares marquent le début d’un no man’s land que les drones suicides et bombes russes survolent régulièrement pour ensuite se fracasser sur les petites villes de la région de Soumy, pourtant loin des théâtres principaux de la guerre. C’est là, quelque part entre Soumy et Belgorod, que va se dérouler ce jeudi soir un chassé-croisé soigneusement orchestré entre 100 prisonniers de guerre russes, répartis dans quatre autobus, aux fenêtres occultées par des vieux rideaux, et 100 prisonniers ukrainiens, qui attendent 2 kilomètres plus loin sur la même route, par-delà les champs de mines, où l’on aperçoit le halo clair projeté par le premier village russe.

Les bus remplis de prisonniers russes sur le point d’être libérés. (Sasha Maslov/Libération)

L’opération, délicate, est pilotée par le Centre de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre, sous la supervision de la Direction générale du renseignement (GUR) du ministère de la Défense ukrainien, dont les hommes sont omniprésents. L’heure de l’échange a déjà été repoussée trois fois, la tension règne, alors que pour une raison ou pour une autre, tout peut capoter en un instant. Pendant que certains essaient d’attraper d’hypothétiques barres de 4G pour s’informer du sort du général Zaloujny, sur le départ du commandement en chef de l’armée, Ioulia Prymak s’active et déballe 100 drapeaux ukrainiens de leur enveloppe en cellophane. «C’est très important d’accueillir chaleureusement les prisonniers dès les premières secondes de leur retour et de leur montrer qu’ils sont les bienvenus en Ukraine», insiste la jeune femme.

Mère de trois enfants, Ioulia, 39 ans, a plaqué son travail à Vinnytsia dans le centre du pays pour s’investir dans le Centre de coordination. Présente à tous les échanges, elle parle quotidiennement avec les proches des captifs, leurs mères, leurs épouses. «En Russie, on martèle constamment aux prisonniers de guerre ukrainiens que personne n’a besoin d’eux à la maison, que personne ne les attend et qu’ils seront considérés comme des traîtres en Ukraine», poursuit Ioulia, qui observe que la Fédération de Russie utilise les sentiments des familles des prisonniers de guerre pour exercer une pression sur la société et les autorités ukrainiennes, espérant provoquer des manifestations.

Ioulia relate le cas de prisonniers ukrainiens auxquels les geôliers russes annoncent qu’ils vont être échangés. On les transporte alors jusqu’à un point proche de la frontière : «A cet endroit, le prisonnier est autorisé à appeler sa mère, il lui dit qu’il est à la frontière, mais que personne en Ukraine ne veut venir le chercher, alors qu’il n’y avait eu aucun accord sur un échange ce jour-là. Imaginez cette mère, en proie au chagrin, son enfant l’appelle et lui dit ça, alors elle fait tout ce qu’elle peut et appelle toutes les autorités possibles.» Selon Ioulia, on dit parfois aux prisonniers ukrainiens qu’ils sont emmenés pour un échange, alors qu’en réalité ils sont transférés dans d’autres colonies pénitentiaires russes. «C’est pourquoi les prisonniers ne croient qu’au dernier moment qu’ils vont être échangés, ils ne s’en rendent compte en fait que lorsque les bus ont déjà franchi la frontière», assure Ioulia, ajustant son bonnet de polaire kaki sur de longues mèches blondes.

«Gloire à l’Ukraine !»

Voilà, les quatre bus remplis de cent prisonniers russes s’ébrouent, précédés d’ambulances rouges et blanches qui disparaissent dans l’obscurité, vers la Russie. Les minutes s’étirent dans l’air glacé. Anxieux, le regard plongé dans l’horizon, rares sont ceux qui s’autorisent à parler. Soudain, les phares d’une ambulance sur le retour percent la nuit noire. La portière s’ouvre, découvrant le visage déformé par la douleur d’un vieux soldat ukrainien allongé, victime en détention d’une attaque cérébrale. L’homme est à peine en mesure de bouger, son élocution est touchée. Ioulia saute directement dans l’ambulance et le prend dans ses bras, lui disant d’une voix affectueuse : «Tu es en Ukraine ! Tout va bien se passer !» Le soldat, vieilli par l’AVC, est incapable de sortir un mot. Il regarde la jeune femme, se décompose et se met à sangloter.

Des soldats ukrainiens après leur libération, jeudi 8 février 2024. (Sasha Maslov/Libération)

Le premier bus transportant des prisonniers ukrainiens arrive. Vêtus d’uniformes noirs, sur lesquels sont attachées des étiquettes avec leur nom, prénom et date de naissance, ils descendent un par un. Plusieurs crient : «Gloire à l’Ukraine !» D’autres baissent la tête et se taisent. Certains sourient béatement, d’autres semblent assommés par l’incrédulité. Les volontaires du Centre de coordination remettent à tous un drapeau bleu et jaune, que les ex-prisonniers nouent autour du cou, en cape par-dessus l’habit noir, avant de marcher frénétiquement, tirant très fort sur les premières cigarettes que leur donnent les soldats. Le voyage a été long, très long, en bus, puis en avion, puis de nouveau en bus. Ignorant les panneaux qui signalent les premières mines, ils vont sur les talus pour pisser dans le noir.

De bus en bus, les mêmes scènes se répètent : des hommes (pas de femmes), privés depuis trop longtemps de leur libre arbitre qui regardent autour d’eux l’air confus. Des grappes s’agglutinent autour de la bannière de telle ou telle unité. Un photographe du Bureau de la Présidence mitraille tout ce qu’il peut, pour le compte X (anciennement Twitter) de Volodymyr Zelensky. Les militaires du GUR tendent leurs téléphones sécurisés à ceux qui se souviennent encore par cœur des numéros de leurs proches. Serhiy, un homme d’un certain âge, appelle immédiatement sa femme, essuyant ses larmes avec le tissu national. «Chérie, je suis enfin rentré !» dit-il dans le combiné, branché sur haut-parleur. Son épouse, en pleurs, parvient juste à articuler le surnom de son mari : «Serioja !» «Tout va bien se passer, la victoire sera pour nous !» poursuit Serhiy, ragaillardi.

«Moi, je n’ai personne à appeler, sourit tristement Hennadiy, non loin de là. Tous mes proches vivent sous occupation et plusieurs d’entre eux sont déjà morts.» Hennadiy Zbandut, 52 ans, est un Ukrainien de la minorité grecque très présente dans le Donbass. Jusqu’en 2014, il dirigeait une société de sécurité à Donetsk, puis quand les séparatistes prorusses y ont pris le pouvoir, il a déménagé dans un petit village appelé Ialta, dans le district de Marioupol, sous contrôle ukrainien. Hennadiy y a recommencé sa vie, ouvert une fondation caritative et s’est engagé comme bénévole au comité de la Croix-Rouge de Marioupol. Dès les premières heures de l’invasion à grande échelle, le quinquagénaire s’engage dans la Défense territoriale (Teroborona), il sera capturé fin mai 2022.

Dans la Teroborona, Hennadiy s’était trouvé un nom de guerre, «le Grec salé». En captivité, il écrira six poèmes, dont un s’inspirant de la tragédie du théâtre de Marioupol, bombardé par l’aviation russe le 16 mars 2022, causant la mort de plusieurs centaines de civils. Il l’a appelé Berceuse pour un ours. Hennadiy n’a aucune idée de sa destination à présent. Il se contente de tirer des taffes gourmandes sur sa cigarette, expirant son soulagement. «Je fumerai bientôt sur une pipe, j’adore fumer la pipe», dit-il, retrouvant un air malicieux. Pour l’instant, c’est son seul projet d’avenir. Sur les 100 soldats rendus à l’Ukraine, 87 sont des défenseurs de Marioupol, qui ont passé plus de vingt mois en captivité. Les autres sont des soldats, gardes nationaux et gardes-frontières qui ont combattu dans les régions de Donetsk et Louhansk.

Mots d’amour inaudibles

Direction Soumy, la capitale régionale, située à environ 75 kilomètres, par le même itinéraire qu’ont emprunté plus tôt les quatre bus remplis de prisonniers de guerre russe. Le «télémarathon» – des informations unifiées coproduites depuis le 24 février 2022 par les principales chaînes de télévision ukrainiennes et unique média autorisé, en deux ans, à filmer sur la frontière les échanges de prisonniers – n’a pas encore diffusé la nouvelle. Mais la rumeur soulevée à l’aller par le convoi s’est diffusée de maison en maison. Les bonnes nouvelles ne sont pas légion en Ukraine, en cette saison. Depuis trop longtemps, il n’y a rien à se mettre sous la dent pour célébrer juste un petit quelque chose, même l’espace de furtifs instants. Alors dans la nuit noire, malgré le vent d’hiver, de village en agglomération, les gens de la campagne de Soumy sortent, en groupes de tous âges, vieillards et enfants.

Des ex-prisonniers ukrainiens à l’hôpital de Soumy, où ils sont pris en charge. (Sasha Maslov/Libération)

Sur le bord des routes, sur des kilomètres et des kilomètres, des Ukrainiens qui ont patiemment attendu agitent des drapeaux bleu et jaune ainsi que des lampes torches, comme devant une grande course cycliste en nocturne, criant aux membres du convoi des mots d’amour inaudibles. Ils le savent, ce sont leurs gars qui rentrent à la maison. Une petite victoire, qui compense le temps de quelques minutes ces autres processions, funèbres convois militaires, devant lesquelles on s’agenouille sur le bas-côté, quand, dans les villages, des corbillards ramènent les héros au cimetière. Les premiers immeubles de Soumy sont en vue, le convoi pénètre dans la cour de l’hôpital. «C’est tellement agréable d’être accueilli chez soi», n’en revient pas Mykyta Gebesh, toujours ébahi des scènes de liesse qu’il vient d’apercevoir.

Dans l’hôpital, les désormais ex-prisonniers reçoivent un sac à dos, des vêtements, des chaussures, un smartphone et une carte SIM. On leur remet également, quand ils existent encore, leurs papiers d’identité. Ils peuvent prendre une douche et enfin manger. Dans le hall, des écrans plasma retransmettent les infos. Mykyta Gebesh, qui s’est battu à Marioupol, est originaire d’Avdiivka. Sa ville natale est assiégée, mais il n’en a pas la moindre idée. «En captivité, la seule source d’information que nous avions était la télé de la caserne, avec uniquement les chaînes russes, dit-il. Mais rien qu’en regardant la télé, on peut comprendre l’attitude de l’Etat russe envers ses soldats. Je n’ai jamais vu à la télé russe que leurs prisonniers libérés étaient accueillis par qui que ce soit, ils les cachent immédiatement.»

Mykyta apprend de nous que son Avdiivka est un champ de ruines. Il se réjouit juste que sa famille ait pu quitter l’enfer du Donbass en mars 2022. Observant en silence la foule de militaires agglutinés au rez-de-chaussée, un des médecins-chefs de l’hôpital de Soumy, qui ne veut pas donner son nom, conclut que ces hommes, relativement peu marqués, n’ont pas été dans la pire colonie pénitentiaire. Ce docteur a quasiment vu passer tous les prisonniers libérés. Les pathologies sont effrayantes. Un grand nombre sont devenus squelettiques. Il se souvient d’un homme pesant 135 kilos avant guerre, 55 à sa libération. «On observe des fractures non résorbées, des ulcères trophiques sur les membres inférieurs, des hommes en béquilles avec des jambes pendantes car les articulations ne se sont pas rattachées…»

«On a affaire à des barbares en face, enrage le médecin. Les prisonniers ukrainiens sont maltraités, torturés et affamés. Mais, souvent, ils ne veulent pas en parler quand ils arrivent ici, c’est nous qui le constatons lors des examens cliniques.» Il n’est pas rare de croiser des ex-prisonniers qui disent tout haut que physiquement ils vont bien, alors qu’ils ressemblent pourtant à des zombies. Physiquement, les gens se rétablissent peu à peu, mais psychologiquement, les séquelles sont terribles et ils ne reprennent pas leurs esprits. Mykhailo en sait quelque chose. Soldat de la Garde nationale à Marioupol, où il a été amputé d’un bras, il a été fait prisonnier, avant d’être libéré en juin 2022. Il a fait le voyage de Soumy pour essayer de retrouver des gars de son unité.

«Les familles doivent être mieux préparées à retrouver leur homme de retour de captivité, il faut savoir ce dont on peut parler à la maison et ce qu’il vaut mieux éviter de demander», dit-il, avant d’enlacer de son seul bras valide ses camarades libérés. Mykhailo aperçoit un visage connu, un compagnon de bataillon. «Bienvenue à la maison !» lui crie-t-il. Mais l’homme au visage éteint ne semble pas se souvenir de lui et s’éloigne dans le couloir, le regard vide et triste. Après un bref examen, les soldats montent dans un bus vers un sanatorium, où ils pourront se reposer quelques heures, et où ils seront débriefés par leurs services de renseignement. A peine remis du choc et de l’émotion initiale, les hommes épuisés se préparent aux retrouvailles imminentes avec leurs proches.

Alexander, 29 ans, capturé en juin 2022. (Sasha Maslov/Libération)

Alexander, 29 ans, homme du Donbass, qui a combattu dans sa région natale de Louhansk, n’a vu sa deuxième fille que lorsqu’elle était tout bébé. Désormais, la petite a 3 ans. Il ne sait pas à quoi elle ressemble, «mais elle marche et parle déjà», affirme-t-il, entre ses lèvres maltraitées, avec l’assurance tendre et maladroite de tous les papas fiers. Son épouse et ses deux filles vivent désormais à Dnipro. «J’espère les revoir très bientôt.» Mais pour l’instant, Alexander ne se dépêche pas d’appeler, car ému, il s’imagine à quoi pourrait ressembler leur première conversation, sa liberté désormais retrouvée.

«C’est à vous de choisir»

Cette liberté a un prix, celle de 100 soldats russes, qui ont, eux aussi, été rendus à leur patrie. Plus tôt dans la journée, Libération a pu accéder à la prison de Soumy, et s’entretenir avec eux, avant le départ.

Plusieurs soldats de l’armée russe, des volontaires, des mobiks (mobilisés), mais aussi des repris de justice des unités d’assaut Storm-Z. Des gamins de 20 ans, mais aussi de pauvres retraités de Rostov, de Tomsk, de Perm… En majorité de la piétaille, jetée et abandonnée, de leurs dires, sur la ligne zéro par des commandants planqués à l’arrière. Dans des récits souvent trop mécaniques pour être francs, sachant qu’ils sont encore pour quelques heures aux mains du camp adverse, ils disent avoir été manipulés par les mensonges de la télé russe sur un génocide commis par les Ukrainiens contre les russophones d’Ukraine. Ils veulent tous rentrer à la maison, promettent qu’ils ne retourneront pas se battre, quitte à faire appel à des juristes. Pourtant, les Ukrainiens se préparent à les revoir, dans les tranchées ou dans leurs prisons.

Dans le bus qui s’apprête à les ramener à la frontière, un officier ukrainien passe dans la travée centrale et distribue à chacun une petite carte de visite rouge, sur laquelle figure un QR code. «La prochaine fois, vous n’aurez peut-être pas cette chance, alors réfléchissez bien, leur dit l’officier. L’Ukraine a mis en place un projet qui s’appelle “Je veux vivre”, un programme pour que vous puissiez vous rendre de manière volontaire, si jamais vous êtes renvoyés sur le front. Contactez le programme, dites que vous voulez vous rendre et des spécialistes planifieront votre évacuation du front.» Les Russes, la tête basse, regardent le petit carton rouge. «Pour votre commandement, vous aurez été fait prisonnier lors d’opérations de combat, vos familles recevront vos salaires et vous aurez le statut de prisonnier de guerre.»

Nourris, au chaud, et «sous la protection de la convention de Genève», précise l’Ukrainien. «Ensuite, c’est à vous de choisir, poursuit-il, être échangé et rentrer à la maison ou bien rester en Ukraine jusqu’à la fin de la guerre. Ce sera votre décision.» L’officier demande aux futurs ex-prisonniers d’apprendre par cœur pendant le trajet l’adresse Telegram et les informations inscrites sur la carte, car elle leur sera retirée dès qu’ils auront retrouvé le sol russe. «Là, maintenant, ils sont en train de se rendre compte qu’on les amène à l’échange, même si on ne leur cache rien pendant la procédure et les préparatifs, nous glisse un officier de haut rang du renseignement militaire ukrainien. Ils rentrent tous de manière volontaire, ceux qui ne veulent pas retourner en Russie ne sont pas amenés à l’échange.»

L’homme du GUR constate que parmi les 100 Russes libérés, en prison en Ukraine depuis seulement deux ou trois mois, plusieurs d’entre eux sont prisonniers pour la deuxième, voire la troisième fois. «Ceux qui choisissent de rentrer comprennent qu’il y a une forte probabilité qu’ils soient forcés à retourner immédiatement sur le front, le FSB [le renseignement russe, ndlr] les y renvoie après une courte détention, dit-il. Nous avons deux démarches totalement différentes, nous et les Russes, quand on ramène nos prisonniers. En Ukraine, c’est un processus public, une joie qui met du baume au cœur et se transforme en célébration pour tout le pays et en particulier pour les familles. Pour eux, dans la plupart des cas, c’est une fatalité sans espoir, sans aucune échappatoire.» Un aller simple infini, sans billet retour.

L’échange de prisonniers qui s’est déroulé le 8 février est le cinquante-et-unième depuis le début de l’invasion russe. En deux ans, l’Ukraine a réussi à faire revenir 3 135 personnes de captivité à l’issue de négociations difficiles parfois tenues avec l’aide de pays tiers comme les Emirats arabes unis. Selon la Coordination ukrainienne pour le traitement des prisonniers, plus de 8 000 ressortissants ukrainiens sont toujours en captivité en Russie, dont plus de 1 600 civils. Mais des dizaines de milliers de civils et de prisonniers de guerre sont portés disparus. Introuvables. D’après un rapport de la Coordination, daté de décembre, 90% des prisonniers ukrainiens libérés ont subi des «actes de torture».

Souscrire à la newsletter du comité

Newsletter