Participez à notre campagne financière 2024 – un premier bilan sur cinq mois.
Comité belge du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine
17 mai 2024
Pour les cinq premiers mois de l’année, nous envoyé en Ukraine environ 9.000€ pour des projets concrets menés par des collectifs locaux avec lesquels nous avons établi des rapports de solidarité. Nous vous appelons à renforcer cet apport solidaire.
Notre campagne 2024
Le Comité belge du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU) a lancé le 25 décembre dernier une campagne de soutien financier.
Pour les cinq premiers mois de 2024, nous avons envoyé en Ukraine environ 9.000 € que nous avons répartis entre différents projets. Il s’agit toujours de projets concrets menés par des collectifs que nous connaissons directement et qui nous informent de besoins urgents. Ces collectifs bénéficient rarement de l’argent de grands projets de coopération qui passent par les structures de l’Etat ukrainien ou de grandes ONG liées aux partis politiques et aux Eglises en Ukraine.
Notre soutien concerne toutes les formes de résistance populaire : depuis des maisons d’accueil féministes pour les femmes victimes de violence jusqu’à des drones pour des unités qui se trouvent aux premières lignes dans le Donbass. Nous suivons les recommandations des collectifs avec lesquels nous sommes en contact pour déterminer les priorités. C’est ainsi que le collectif de cinéastes Babylon 13 nous a demandé de ne pas leur envoyer d’argent et de consacrer notre soutien au groupe Adam qui effectue des missions de reconnaissance avec des drones. Deux cinéastes du collectif font actuellement partie du groupe Adam.
Dans la majorité des cas, notre soutien s’intègre dans une collecte de fonds plus large menée tant à l’étranger qu’en Ukraine. Par exemple, notre contribution à l’achat d’une ambulance pour le collectif de femmes Veteranka a été complétée par des collectes du RESU dans d’autres pays européens comme la France. Chaque projet est suivi en Ukraine par une personne de contact du comité qui reçoit l’argent, procède aux achats de matériel et suit son acheminement jusqu’au collectif qui bénéficie du soutien. Souvent, nous continuons à recevoir des informations régulières sur ce que fait ce collectif.
Nous sommes conscients que cette collecte ne représente qu’une goutte d’eau par rapport aux besoins immenses de la résistance populaire ukrainienne. Elle correspond à notre vision d’une solidarité « du bas vers le bas » où des liens directs sont établis entre les personnes solidaires à l’étranger et des collectifs de base qui incarnent les multiples formes de résistance de la société ukrainienne et sa volonté de lutter sur deux fronts : mettre fin à l’agression russe et se battre pour une Ukraine libre, démocratique et sociale. Nous établissons des rapports de solidarité réciproque. Le contact avec ces collectifs nous apprend beaucoup de la société ukrainienne, de ses luttes et de ses espoirs. Il met en évidence des points communs ici et là-bas et montre que, malgré les atrocités de la guerre, les mouvements syndicaux, féministes, LGBT, anti-racistes ou environnementalistes continuent leur action pour l’avenir de l’Ukraine et pour notre avenir commun.
Si vous désirez contribuer à notre campagne versez votre don sur le compte:
Soutien Ukraine 000-4764473-27
IBAN BE48 0004 7644 7327
BIC: BPOT BE B1
Si vous désirez soutenir un projet spécifique, indiquez-le dans la communication du versement. Afin de pouvoir répondre à des besoins urgents, nous vous suggérons d’effectuer un ordre permanent (que vous pouvez suspendre à tout moment). Toutes les contributions, même les plus modestes, sont les bienvenues.
Le contexte : des heures critiques pour l’Ukraine
L’Ukraine connaît des heures critiques. Après l’échec de la contre-offensive de juin 2023, les lignes de front ont peu bougé mais la Russie dispose d’une supériorité numérique et matérielle importante qui lui permet d’effectuer des percées locales même si elles impliquent le sacrifice de nombreux soldats et la destruction totale des localités nouvellement occupées comme Avdiivka. On estime que le rapport de la puissance de feu déployée (obus, missiles, bombes, etc…) pourrait être de l’ordre de cinq contre un. Une partie importante des soldats ukrainiens qui sont sur le front sont entrés dans leur troisième année de guerre et leur remplacement par de nouvelles troupes s’avère difficile.
Malgré les sanctions, la Russie parvient à financer la guerre par ses exportations de combustibles fossiles et à se fournir en équipements fabriqués aux Etats-Unis et en Europe grâce à des sociétés intermédiaires situées dans d’autres pays.
Dans les territoires occupés, un régime de terreur a été mis en place. En Russie, les attaques contre les droits et les libertés de la population s’intensifient. En témoignent la mort de Navalny en février 2024, l’interdiction de toute candidature d’opposition au cours des élections présidentielles de mars. Les nouvelles législations répressives frappent autant l’opposition politique que toutes les personnes qui ne répondent pas au modèle familial ultra-conservateur prôné par le régime (mise hors la loi de toute organisation LGBT, attaques contre le droit à l’avortement, promotion des familles nombreuses, dénonciation à la police par les écoles primaires d’enfants dont les parents ont tenu des propos anti-guerre). L’antisémitisme et les attaques contre les migrants originaires d’Asie centrale se sont aggravés.
Cette année, l’armée russe a entamé très tôt la destruction systématique du système de production et distribution de l’énergie électrique. Au cours de l’hiver 2022-2023, la tentative russe de casser la résistance ukrainienne en détruisant ces infrastructures vitales avait échoué grâce à la créativité et l’ingéniosité de la population qui avait su trouver des solutions d’urgence. Par ailleurs, le dernier hiver avait été doux par rapport aux températures moyennes ukrainiennes. Pour le prochain hiver, la situation est beaucoup plus risquée. La pénurie de moyens de défense anti-aérienne permet à la Russie de bombarder de manière répétée les mêmes installations jusqu’à rendre impossible leur réparation dans l’urgence.
La survie de l’Ukraine dépend autant de l’arrière que du front. A l’arrière, ce sont les femmes qui assurent l’essentiel de la production matérielle et des services indispensables à la survie du pays. Elles doivent en même temps se battre pour de meilleurs salaires, pour les droits syndicaux et sociaux, contre les manifestations de militarisme viriliste, contre les violences sexuelles. C’est pourquoi une partie importante de nos contributions solidaires est destinée à des collectifs féministes.
Au plan international, le soutien des Etats occidentaux à l’Ukraine a été inférieur aux promesses. Pendant six mois, les élus du Parti Républicain ont bloqué l’aide des Etats-Unis. Si finalement un accord a été trouvé le 20 avril sur un montant de presque 62 milliards de dollars, de graves incertitudes pèsent sur la continuité de l’aide en cas de victoire électorale de Trump en novembre. Ce dernier annonce à tous vents qu’il trouvera un accord de paix dans les vingt-quatre heures.
Dans l’Union européenne, les sondages annoncent une forte progression de l’extrême-droite pour les élections européennes de juin. L’extrême-droite est loin d’être d’avoir une position commune en ce qui concerne l’Ukraine. Dans tous les pays d’Europe, elle a grandi avec l’appui du régime de Poutine et ses méthodes de propagande s’appuient sur les réseaux russes de désinformation. Même les personnalités politiques qui affichent aujourd’hui leur soutien à l’Ukraine comme l’Italienne Meloni ou les dirigeants de Vox en Espagne partagent une grande partie de la vision politique de Poutine (racisme, homophobie, anti-féminisme, conception autoritaire de l’Etat et des hommes providentiels, etc…). D’autres secteurs de l’extrême-droite remettent en cause le soutien à l’Ukraine tout en conservant des rapports étroits avec l’extrême-droite « atlantiste » au sein du Parlement européen. En Italie, l’extrême-droite atlantiste (Meloni) gouverne en coalition avec l’extrême-droite anti-ukrainienne (« la Ligue » de Savini). Dans deux pays de l’Union européenne, une droite radicale anti-ukrainienne est au pouvoir (Hongrie et Slovaquie). Elle vient de devenir le pivot d’une coalition gouvernementale anti-migrants, anti-environnement et eurosceptique aux Pays-Bas suite à la victoire électorale de Geert Wilders en novembre 2023. Les problèmes ne sont pas uniquement politiques. La montée en puissance des industries militaires européennes ne répond pas actuellement aux besoins de l’Ukraine, en partie à cause de la lenteur des investissements dans certaines productions, en partie parce que l’Union européenne maintient un commerce des armes très rentable vers d’autres régions du monde, ce qui limite les quantités disponibles pour l’Ukraine. Certains pays comme l’Allemagne refusent de livrer à l’Ukraine des équipements qui seraient indispensables pour s’attaquer en profondeur à la logistique de l’armée russe. L’efficacité des sanctions passerait par des cadastres des fortunes, la transparence des transactions financières et commerciales et la traçabilité des exportations de matériaux sensibles mais ces mesures ne sont pas mises en place parce qu’au-delà de la guerre en Ukraine, elles représenteraient des garanties démocratiques pour la population de nos pays qui sont peu compatibles avec les politiques néo-libérales.
Premiers comptes de la campagne de soutien financier à la résistance populaire ukrainienne (du 25 décembre 2023 au 14 mai 2024).
Argent collecté en Belgique :
- Virements reçus sur notre compte entre le 25 décembre (date de lancement de la campagne 2024) et le 14 mai : 2592 €.
- Collectes réalisées à l’occasion de la projection de films ukrainiens par le RESU à Bruxelles (de février à mai 2024) : 2498,5 €. Ce très bon résultat témoigne de l’importance du cinéma ukrainien dans la création de liens plus intimes entre la société ukrainienne et le public solidaire.
- Total de l’argent récolté pendant cette période : 5090,5 €.
Par ailleurs, lors du lancement de la campagne fin décembre 2023, il y avait un solde positif de presque 6000 € sur notre compte. Il s’agissait pour l’essentiel d’argent collecté auprès de nos membres et sympathisants au cours du deuxième semestre 2023.
Si la somme collectée n’est pas négligeable pour une petite organisation comme la nôtre, elle témoigne cependant d’un recul dans la perception de l’importance de la guerre en Ukraine par rapport à d’autres situations tragiques dans le reste du monde. Au cours de la même période pour l’année précédente, nous avions collecté environ 10.000€[1]. Le choc de l’agression massive, la prise de conscience des désastres liée à l’arrivée de nombreuses personnes réfugiées contribuaient à une solidarité plus ample. Actuellement, il y a une certaine lassitude de l’opinion publique envers une guerre qui se prolonge sans tournant spectaculaire. Les autres conflits qui ensanglantent le monde placent l’Ukraine à l’arrière-plan dans l’information.
Versements envoyés en Ukraine[2] :
- 22 janvier : 500 € pour Feminist Workshop
- 12 mars : 735 € pour le collectif féministe “Rodyna LH” de Cherkasy [3]
- 21 mars : 815 € pour Feminist Workshop
- 28 mars : 968€ pour un équipement de brouillage anti-drones destiné à une unité combattante. En raison de l’anéantissement de l’unité avec laquelle les contacts étaient établis, notre correspondante en Ukraine a pris l’initiative, avec notre accord, de consacrer cette somme à l’achat de matériel pour une autre unité de la même brigade.
- 2 avril : 1030 € pour contribuer à l’achat d’une ambulance blindée pour le collectif de femmes soldates et ex-soldates « Veteranka ».
- 14 mai : 1000 € pour contribuer à l’achat de drones par le groupe de reconnaissance Adam où se trouvent des cinéastes du collectif Babylon 13[4].
Versements en cours de transfert.
6 versements en cours de transfert pour un total de 3.900€. Ces versements sont destinés à un activiste originaire de Marioupol qui s’occupe de l’aide à des personnes âgées restées dans des zones où l’essentiel de la population civile a été évacuée (notre contribution servira à aider la survie de personnes âgées à Kostiantynivka et Chasiv Yar, deux villes situées à proximité du front et durement frappées par les bombardements), au collectif féministe « Girls » qui a créé des centres de soutien aux femmes victimes de violence sexuelle à Soumy et Butcha (deux villes occupées par l’armée russe au cours des premières semaines de l’agression massive de 2022 et dans lesquelles le viol a été utilisé comme arme de guerre par les occupants), au collectif féministe Bilkis. De nouvelles contributions pour les collectifs féministes « Feminist Workshop » et au collectif féministe de Cherkasy font également partie de ces envois du mois de mai.
Total des versements envoyés vers l’Ukraine entre le 22 janvier et le 14 mai : 8.948 €
[1] Entre le 25 décembre 2022 et le 30 mai 2023, nous avions collecté un total de 10.767,50 €.
[2] Nous ne comptons dans cette rubrique que les versements pour lesquels nous avons déjà reçu la confirmation que le matériel était bien arrivé aux destinataires finaux. Parfois, il faut attendre deux ou trois semaines entre l’envoi et cette confirmation.
[3] Nous avions déjà versé 800 € à cette organisation en octobre 2023. Cette somme avait permis d’organiser des ateliers d’autodéfense pour femmes adultes et adolescentes à Cherkasy pendant l’automne 2023.
[4] En août 2023, 1.450€ avaient déjà été recueillis à Bruxelles pour le groupe Adam à l’occasion d’une projection de film du collectif Babylon 13 (« Le jour de l’indépendance »).
Quelques affiches de notre campagne en 2024