Du mercredi 14 février au mercredi 8 mai, le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine organise un cycle de films ukrainiens à l’Université libre de Bruxelles.

Nous avons sélectionné six films qui illustrent la grande diversité du cinéma ukrainien. Deux classiques des années soixante produits dans les studios de l’Ukraine soviétique, deux films récents de fiction et deux documentaires récents.

Ces films permettent de se mettre à l’heure de l’Ukraine, de mieux découvrir la force et les tensions de la société ukrainienne, de comprendre pourquoi la guerre actuelle n’est pas simplement une guerre de conquête territoriale de la part de la Russie. C’est aussi une guerre pour détruire une société dont la diversité est perçue comme un danger existentiel par les autorités du Kremlin.

Chaque projection de film sera suivie d’une discussion. Dans la mesure du possible, nous ferons intervenir les cinéastes en visioconférence.

Nous présenterons également des projets concrets de solidarité avec l’Ukraine.

L’ensemble des projections se déroulent dans l’auditoire AZ1.101 (le bâtiment A se trouve 2, avenue Antoine Depage). L’entrée est libre. Nous solliciterons une contribution volontaire dont le montant intégral ira à des projets concrets de solidarité en Ukraine.

Les films sont projetés en version originale (ukrainien ou russe) avec des sous-titres français.

N’hésitez pas à nous contacter si vous désirez organiser des projections de cinéma ukrainien dans des salles de cinéma, des associations, dans le cadre de festivals, etc…

Notre initiative a bénéficié d’un financement de la Commission culturelle de l’ULB et de l’appui du Centre Dovjenko à Kyiv.

Mercredi 14 février à 18h30

“Les chevaux de feu” de Serguiï Paradjanov (Тіні забутих предків, 1965, 97 ‘ )

Le film s’inspire du livre “Les chevaux de feu” (1) de Mykaïlo Kotsioubynsky, paru en 1910. Ce classique de la littérature ukrainienne est inspirée de récits populaires des Houtsoules, minorité ethnique du sud-est des Carpates. Le film se déploie sur un fond folklorique de processions nuptiales et mortuaires dans les villages, de scènes de marché et de moissons, de rites de magie, de défilés masqués et de forêts ancestrales. Au rythme des saisons, il relate le thème des amours impossibles à la manière de Roméo et Juliette. Ivan et Maritchka s’aiment d’un amour qui défie la mort. Lui est un pauvre berger et elle une jeune fille issue d’une famille riche. Les deux clans se haïssent. Ivan part pour faire paître ses troupeaux sur les alpages, mais pris d’un sombre pressentiment, il revient au village et découvre Maritchka noyée accidentellement. Désespéré et survivant comme un fantôme, il épouse Palagna. Elle le trompe avec le sorcier du village, Youra, qui tue Ivan d’un coup de hache. Ivan rejoint Maritchka parmi « les ombres des ancêtres oubliés ».

Un film flamboyant, très pictural, avec des mouvements audacieux de la caméra et une bande sonore exceptionnelle.

Il sera projeté dans une version restaurée par le Centre Dovjenko.

(1) le titre ukrainien du livre “Тіні забутих предків” correspond au titre ukrainien du film et peut être traduit par “L’ombre des ancêtres oubliés”.

Mercredi 28 février à 18h30

“Bad Roads” de Natalia Vorojbyt ( Погані дороги, 2020, 105′)

Quatre histoires courtes se déroulent sur les routes du Donbass pendant la guerre. Il n’y a pas d’endroit sûr et personne n’arrive à comprendre ce qui se passe. Même s’ils sont pris dans le chaos, certains parviennent à exercer une autorité sur les autres. Mais dans ce monde, où demain ne viendra peut-être jamais, tout le monde n’est pas sans défense et misérable. Même les victimes les plus innocentes peuvent avoir leur tour pour prendre les choses en main.

 

Mercredi 13 mars à 18h30

“La cacophonie du Donbass” d’Igor Minaev («Какофонія Донбасу» 2019, 61′)

D’emblée, Igor Minaiev place la barre très haut et le film maintiendra ses promesses. Le titre et la première séquence du film font référence à un des classiques de l’époque soviétique : « La symphonie du Donbass » de Dziga Vertov, un film fascinant par sa beauté plastique et par une idéalisation des mineurs du Donbass en un grand organisme collectif harmonieux et efficace comme pourrait l’être une troupe mécanisée d’opéra-ballet. Le film traite de l’histoire des mineurs sur une période de plus de huit décennies. L’essor des mines à l’époque du premier plan quinquennal, la création du mythe de Stakhanov, la glorification délirante d’une condition ouvrière qui devient une sorte d’aristocratie dont les cantines sont des salles aux plafonds gigantesques soutenus par des colonnes dignes du Parthénon. En contre-point, d’autres scènes rappellent la réalité de conditions de travail entre accidents et silicose. Les séquences sur la période soviétique construites à partir d’archives parfois surprenantes débouchent sur la grande révolte des mineurs en 1989 et 1990. Deux grèves générales suivies massivement qui dénoncent les mauvaises conditions de travail et les bas salaires. La deuxième grève générale a aussi pour but de démocratiser le Donbass en se débarrassant du pouvoir du Comité du parti. Les séquences suivantes pourraient constituer la matière d’un film surréaliste avec des mineurs dansant en tutu à la sortie des douches, un mariage en treillis dans une des milices pro-russes et le va-et -vient paresseux des poissons au milieu d’allées sous-marines constituées par des centaines de statues de l’époque soviétique que la population a immergées dans la mer. Les dernières séquences sont consacrées à la violence et à la terreur causées par l’annexion de fait par la Russie d’une partie du Donbass en 2014.

 

Mercredi 27 mars à 18h30

“Brèves rencontres” de Kirat Mouratova (Короткие встречи, 1967, 96 ‘)

Valentina est responsable du logement au Conseil municipal d’une ville de province. Elle doit faire face à la fois à l’impatience de ceux qui attendent un logement et à la corruption de ceux qui les fabriquent. Elle a un amant géologue, Maxime (interprété pat Vladimir Vissotski), qui est surtout soucieux de sa propre liberté. Valentina prend comme femme de ménage une autre et plus jeune maîtresse de Maxime…

Mercredi 17 avril à 18h30

“Jeunesse en sursis” de Kateryna Gornostaï (Стоп-Земля, 2021, 122′)

Premier long-métrage de Kateryna Gornostai, “Jeunesse en sursis” suit, dans leur vie quotidienne et leurs diverses activités, un groupe de lycéens et de lycéennes de Kyiv chargés à la fois de jouer un scénario et de l’enrichir par leur propre expérience. Chacun et chacune apporte ainsi sa contribution à la photographie d’une jeunesse ukrainienne aux préoccupations universelles (l’amour, l’amitié, les études, l’avenir).

 

 

Mercredi 8 mai à 18h30

“Mémoire fragile” d’Igor Ivanko (Крихка пам‘ять, 2022, 85′) 

Igor Ivanko découvre des piles de vieux négatifs dans la datcha de son grand-père Leonid Burlaka, caméraman très connu à l’apogée des studios soviétiques. Les films de Burlaka ont été vus par des millions de personnes. Igor, lui-même cinéaste ukrainien, fait imprimer cette collection privée et tente de restaurer les images numériquement. Elles constituent un document sur la vie de Burlaka, qui, de 1964 à 1999, a tourné 30 longs métrages pour les studios de cinéma d’Odessa, l’un des principaux producteurs du cinéma soviétique.

À la table de la cuisine, Ivanko pose des questions à son grand-père, aujourd’hui retraité : Comment était-ce de faire des films à l’époque ? Quelle liberté avait-il, sur le plan artistique et dans sa vie privée ? Bien souvent, ces questions et d’autres restent sans réponse, car Burlaka est atteint de la maladie d’Alzheimer et sa mémoire se détériore rapidement.

Cela pousse Ivanko à se plonger dans les archives, à rechercher les anciens collègues de son grand-père et à parler du passé avec sa grand-mère. Il espère que ce mélange de confrontation chaleureuse, d’extraits du travail de Burlaka et, surtout, de ses archives privées aujourd’hui délabrées, lui permettra de ressusciter, à temps, les histoires personnelles dans l’Ukraine soviétique.

Igor Ivanko fait partie du collectif Babylon 13 dont nous avons déjà projeté plusieurs films.