Des femmes de soldats demandent que ceux-ci soient démobilisés après 18 mois de front
Sources: “Hromadske Radio” “Le Monde“, 13 novembre 2023
En Ukraine, le poids de la guerre repose principalement sur les classes populaires. Depuis plusieurs semaines, des femmes et des enfants de soldats descendent dans la rue pour demander que les conscrits soient démobilisés après 18 mois de service sur le front. Actuellement, seules des circonstances particulières permettent une telle démobilisation (blessure grave, raisons familiales impérieuses, lorsque le combattant atteint l’âge de 60 ans). Malgré la loi martiale qui interdit de manifester, une centaine de femmes ainsi que des enfants de soldats se sont rassemblés sur la place Maidan à Kyiv le dimanche 12 novembre.
Les manifestantes soutiennent le projet de loi n° 9142 sur les amendements à certains actes législatifs de l’Ukraine visant à clarifier les conditions du service militaire. Ce projet a été enregistré à la Verkhovna Rada (Parlement national) à la fin du mois de mars 2023. Ce projet prévoit l’établissement de conditions spécifiques pour le service militaire pendant la mobilisation. Les personnes mobilisées ont notamment le droit de servir pour une durée maximale de 18 mois à partir du moment où elles sont appelées sous les drapeaux. Toutefois, si elles le souhaitent, elles peuvent continuer à servir.
A la fin du mois de mars, l’auteur de ce projet de loi, le député Oleksiy Honcharenko, a enregistré une pétition sur le site web du président demandant que la démobilisation en Ukraine soit autorisée 18 mois après la mobilisation. Cette pétition a reçu le nombre de votes requis : 25 686 utilisateurs l’ont signée.La pétition concerne les militaires qui se sont engagés volontairement dans les forces de défense et ceux qui servent dans les forces armées. Dans un reportage consacré à la manifestation du 12 novembre, le correspondant du « Monde » à Kiev, Thomas d’Istria écrit :« Quelques dizaines d’épouses, pour certaines accompagnées de leurs enfants, bravent le vent et la pluie, pancarte en main. « Parti défendre un pays libre et devenu un serf de la guerre » ; « Maintenant, c’est au tour des autres ». Une petite fille tient une affichette avec des lettres roses : « C’est à mon tour de faire un câlin à mon père ». « Nous voulons une limite dans le temps, car il y a aujourd’hui ce sentiment que tu peux entrer dans l’armée pour ne jamais en sortir »,explique Anastasiia Troshyna, 23 ans, dont le mari, Oleg, combat dans le Donbass, dans l’est du pays, dans la région de Donetsk. (…) Pour Olya, dont le mari, Mykhaïlo, combat lui aussi dans le Donbass, une démobilisation au bout de dix-huit mois permettrait de donner de l’espoir à ceux qui sont sur le front. « Cela leur apportera un peu de force, ils seront un peu plus motivés, surtout parmi ceux qui y sont depuis le premier jour, affirme-t-elle. Ils ne veulent pas rester là-bas sans date de retour. »