Depuis décembre 2022,  nous avons commencé une campagne d’aide financière pour  des organisations de base en Ukraine. Cela concerne des organisations avec lesquelles nous parvenons à établir des contacts directs le plus souvent par l’intermédiaire de personnes de confiance en Ukraine ou à travers des échanges dans les réseaux de solidarité. Nos capacités ne sont pas celles d’une grande ONG. C’est pourquoi nous apportons notre aide à des organisations locales pour lesquelles un versement de quelques centaines d’euros représentent parfois une aide décisive pour un projet concret. Parmi les organisations avec lesquelles nous avons établi des contacts au cours du printemps 2024 se trouve Motanka. Le mot ukrainien « Motanka » désigne une poupée en tissu sans visage dont l’origine remonterait à la haute antiquité. C’est toujours une femme. Elle exerce une fonction de talisman qui protège la vie.

L’organisation Motanka est un bel exemple de solidarité du « bas vers le bas ». C’est une, organisation bicéphale. Elle existe en Ukraine où son activité a commencé après l’occupation d’une partie du Donbass par la Russie et les forces séparatistes. Elle existe aussi en France où elle est basée à Rouen. Avant l’invasion générale de 2024, le travail de l’association consistait principalement à aider la population du Donbass à la reconstruction de logements, à soutenir la création d’ateliers pour fabriquer localement des meubles mis gratuitement à la disposition de la population, à contribuer à la réinsertion sociale des vétérans dont la santé physique ou mentale était abîmée par les épreuves de la guerre. Avant l’invasion générale de 2024, l’Ukraine comptait déjà 370.000 vétérans. En 2018, on dénombrait 20.000 vétérans mutilés et, pour cette seule année, 1.000 suicides parmi les vétérans.

Avec l’invasion générale de 2024, la situation du Donbass s’est fortement aggravée. La plupart des localités ont subi des bombardements systématiques. Pratiquement, la totalité du Donbass se trouve à proximité de la ligne de front, là où les combats sont les plus intenses  et où les bombardements sont quotidiens. Une grande partie de la population s’est réfugiée, une minorité a décidé de rester sur place. Il s’agit souvent de personnes âgées, de personnes handicapées accompagnées parfois par des membres de leur famille plus jeunes ou plus valides. Les personnes qui restent sur place appartiennent aux classes populaires. Elles ne disposent pas d’épargne qui leur permettrait d’envisager un départ vers une région moins frappée par la guerre. Motanka organise des tournées régulières vers ces localités proches du front de manière à assurer un approvisionnement minimal, notamment en médicaments humains ou vétérinaires.

A la suite d’un premier versement du comité belge du RESU, nous avons eu la joie de recevoir des nouvelles sur l’utilisation de ce soutien. Nous avions reçu le message suivant (qui a également été posté sur la page FB de Motanka) :

Grâce aux dons de RESU Belgique (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, comité belge), nous avons pu financer une donation de médicaments aux habitants des villages de Malyi Burluk (Малий Бурлук) et de Shevchenkove (Шевченково), le 9 juin 2024. Nous avons pu distribuer ces médicaments à 179 personnes au total. Il faut rappeler que l’ensemble des villages proches du front n’a plus accès aux soins si les ONG et volontaires locaux ne viennent pas. Nous tenons à remercier notre incroyable et courageux partenaire Dobrochynets, à qui nous fournissons les médicaments pour les apporter aux patients, et nous remercions chaleureusement le Comité belge du Réseau européen de solidarité Ukraine qui a financé ces achats! Merci encore de votre soutien !

Ce message montre la chaîne de solidarité qui a pu se créer depuis les personnes qui, en Belgique, participent à notre campagne, jusqu’à Dobrochynets qui est un centre d’entr’aide communautaire établi à Kharkiv. Dobrochynets assure la tâche périlleuse d’organiser des  transports dans les localités de la ligne du front. Malyi Burluk se trouve à une dizaine de kilomètres de la frontière russe dans une zone du district de Karkhiv qui a été soumise à de violentes attaques en mai et juin 2024. Shevchenkove se situe un peu plus au Sud.

Si vous désirez mieux comprendre les dynamiques de la résistance populaire ukrainienne et le rôle crucial qu’y jouent les femmes des classes populaires, nous vous invitons à lire “Travailleuses de la résistance. Les classes populaires ukrainiennes face à la guerre”  de Daria Saburova. Daria viendra en parler en Belgique (en principe, le vendredi 18 octobre – consultez notre agenda). Au-delà de ce conseil de lecture, nous vous appelons surtout à contribuer financièrement à notre campagne. Chaque euro peut sauver une vie !