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Comment expliquer la vague de pogroms qui a ensanglanté la Galicie orientale et la Bucovine dès le début de l’invasion nazie en juin 1941? L’historienne Marie Moutier-Bitan a pu analyser ce qu’elle appelle “le pacte antisémite” entre l’Allemagne nazie et le nationalisme radical de l’OUN-B dirigée par Stepan Bandera. Les résultats de ses travaux sont repris dans un livre récent “Le pacte antisémite. Le début de la Shoah en Galicie orientale” (2023, Editions Passés/Composés).

Dans le cadre de son séminaire de recherche “Repenser l’expérience de guerre” en partenariat avec le Cevipol, le CREG (Centre de Recherche sur l’Expérience de Guerre) vous invite à venir assister à la présentation de Marie Moutier-Bitan intitulée “Les pogroms en Galicie orientale et en Bucovine, juin-juillet 1941” modérée par Christian Ingrao.

Docteure en histoire contemporaine à l’EHESS, Marie Moutier-Bitan travaille sur la Shoah en Union soviétique occupée. Elle a travaillé dans divers centres d’archives et a effectué des missions de terrain en Ukraine, Russie, Biélorussie, Moldavie, Lituanie et Pologne. Elle s’intéresse particulièrement aux interactions entre les protagonistes de l’extermination des Juifs : Juifs, bourreaux allemands et locaux, voisins. Elle a publié Les Champs de la Shoah, l’extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944 (Passés composés, 2020), et Lettres de la Wehrmacht (Perrin, 2014). Elle est actuellement chercheuse postdoctorale au CERCEC/CNRS.

Né en 1970, Christian Ingrao est directeur de recherche au CNRS, affecté à l’EHESS, au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron et partage son activité entre Paris et Berlin. Il est spécialiste d’histoire du temps présent, notamment du nazisme, des politiques d’occupations allemandes en Europe de l’Est, de la Seconde guerre mondiale et, plus généralement d’anthropologie historique de la violence de guerre et des paroxysmes, guerriers ou non. Il mène désormais deux grands projets : un projet d’histoire des régimes d’historicités des sociétés européennes, maghrébines et moyen-orientales aux 20ème et 21ème siècles en cours de rédaction, un projet d’anthropologie historique des liens entre catégories nazies antonymes de l’humanité et violence, intitulé « Le labyrinthe de la violence nazie. Humanité, Inhumanité, Sous-humanité, bestialité, cruauté » en cours de défrichement documentaire.

Vendredi 9 février 2024 de 13h00 à 15h00
Salle Rokkan
Bâtiment S – Niveau 12 – Salle S12.234
Avenue Jeanne 44
1000 Bruxelles
Entrée libre
Contact : [email protected]

Le 22 juin 1941, les troupes nazies pénétraient en Union soviétique. Immédiatement les Juifs furent pris pour cibles lors d’exécutions qui se déroulèrent des Pays baltes à la mer Noire. En Galicie orientale, dans l’ouest de l’Ukraine, du jour au lendemain, des soldats de la Wehrmacht, des hommes des Einsatzgruppen et d’autres formations de police massacrèrent des civils juifs. Du jour au lendemain, des paysans locaux déferlèrent sur les villes, menant la chasse aux Juifs. Du jour au lendemain, des voisins assassinèrent leurs voisins.  Les mécanismes de ces violences reposèrent sur deux éléments. D’abord un cadre légal posé par les Allemands, véritable permis de tuer relayé sur le terrain par des figures d’autorité locales ; ensuite un puissant ressentiment de la population non juive à l’égard de ses voisins. Envahisseurs et locaux scellèrent ainsi un terrible pacte antisémite. C’est ce que démontre Marie Moutier-Bitan dans cet ouvrage exceptionnel s’appuyant sur de nombreuses archives et enquêtes de terrain. L’auteure relate ainsi la fin d’un monde multiséculaire, lorsque transformant les voisins en meurtriers et les villages en lieux de massacre, les hommes d’Hitler déclenchèrent une spirale meurtrière d’une brutalité inouïe.